Normaliser le numérique ?

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[dropcap]V[/dropcap]ous n’imaginez sans doute pas vivre dans un monde sans normes, où la position des pédales d’accélération et de freinage dépendrait du constructeur automobile, où un grille-pain n’aurait pas la même prise électrique qu’une cafetière ! Pour les biens de consommation, les normes sont un moyen de développer des usages en facilitant les interactions. Elles peuvent aussi être un moyen de tenter de contrôler un usage, ce que les fabricants de rasoirs ou d’imprimantes ont bien compris. Un équilibre est donc nécessaire pour préserver un système ouvert et neutre permettant au marché de se développer, sans créer de position dominante. Ceci est encore plus vrai dans le domaine des télécommunications, où depuis le télégraphe de Chappe ou le morse, il faut que les deux parties soient d’accord sur le code pour pouvoir s’échanger de l’information.

L’équilibre peut être recherché sur un marché spécifique, un pays ou sur toute la planète. Même si les communications ne connaissent plus les frontières, des standards définis à l’échelon mondial peuvent avoir une application locale. Ainsi, dans les années 1980, la recommandation X.25, qui a permis de construire les premiers réseaux informatiques et qui a servi de support au Minitel, offrait assez de libertés pour définir de nombreux profils. Un terminal français n’étant pas compatible avec un terminal allemand, une industrie nationale existait. Ces normes ont été balayées. L’Internet et les réseaux locaux qui les ont remplacées, en uniformisant les protocoles, permettent au voyageur de se connecter en Wi-Fi de n’importe quel point de la planète. Cela a rendu possibles la production de masse et une forte baisse des prix, liées à une réduction des risques, puisque les fabricants proposent des solutions compatibles.

Dans ce numéro, nous avons l’ambition de traiter des normes au sens des « normes et standards utilisés dans l’industrie, l’économie et les services ». Notre objectif est d’informer et de faire réfléchir nos lecteurs sur ce que sont ces normes dans le monde numérique et quels sont les enjeux économiques, politiques et sociaux liés à leur production et à leur adoption. Les normes sont considérées au sens large, quels que soient leurs auteurs (forums, organismes de normalisation, organisations professionnelles, entreprise donneur d’ordre, recherche académique…), leur statut et leur base juridique (traité international, législation, conventions privées, décisions de justice ou arbitrages, document du domaine public…).

 

Extrait de l’introduction de Jacques Serris (Conseil général de l’économie) et Laurent Toutain (IMT Atlantique), coordonnateurs du numéro 5 de la série Enjeux numériques, des Annales des Mines.

 

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Normaliser le numérique ?
Sous la direction de Jacques Serris et Laurent Toutain
Annales des Mines
Série « Enjeux numériques »
N°5 – Mars 2019

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