e-VITA, un coach virtuel pour seniors

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e-VITA

Le coaching virtuel peut jouer un rôle crucial dans le maintien du vieillissement actif et en bonne santé, grâce à la détection précoce des risques et à une intervention adaptée aux besoins individuels des seniors. Toutefois, les technologies actuelles ne répondent pas à ces exigences. Elles offrent une interaction limitée et sont souvent intrusives. Les 22 partenaires européens et japonais du projet e-VITA vont mettre au point un « coach personnel vocal multimodal » pour assister et sécuriser la personne âgée à son domicile. Doté d’un budget de 4 M€ financé par l’union européenne, le projet a démarré en janvier 2021 pour une durée de 3 ans. Entretien avec Jérôme Boudy, chercheur à Télécom SudParis, partenaire du projet.

Dans quel cadre le projet européen e-VITA a-t-il vu le jour ?

Jérôme Boudy Dans un contexte de vieillissement des populations, l’idée de ce projet a progressivement pris forme dès 2016. À l’origine : des projets en cours comme EMPATHIC, dont Télécom SudParis est partenaire, suivis d’une collaboration avec le Brésil et enfin le projet e-VITA avec le Japon (European-Japanese virtual coach for smart ageing), qui vise à développer des outils pour assurer un vieillissement actif et en bonne santé (Active and Healthy Ageing, AHA), grâce à la détection précoce des risques liés au grand âge. 

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Quel est l’objectif de e-VITA ?

JB – L’objectif est le maintien de la personne âgée à son domicile, dans un environnement sécurisé. Fondée sur une coopération internationale entre l’Europe et le Japon, e-VITA propose une approche innovante du « coaching virtuel » qui aborde les domaines cruciaux du vieillissement actif et en bonne santé : cognition, activité physique, mobilité, humeur, interaction sociale, loisirs… permettant aux personnes âgées de mieux gérer leur propre santé et leurs activités quotidiennes.

Quelle sera la méthode utilisée ?

JB -En prenant en compte les facteurs culturels dans les pays européens et au Japon, en particulier sur l’acceptabilité des interfaces utilisées de manière préférentielle dans ces pays (smartphones, hologrammes 3D, robots sociaux, etc…) e-VITA développera une interface homme-machine multimodale automatique. Fondée sur le traitement du langage naturel (Natural Language Processing, NLP) et la gestion automatique de dialogue vocal, elle sera agrémentée de plusieurs modalités complémentaires non-verbales comme la reconnaissance du geste, des émotions et de la situation de la personne.

Ce « coach virtuel » détectera d’éventuels risques dans l’environnement quotidien de l’utilisateur, et la possibilité de les prévenir en collectant des données à partir de sources externes et de capteurs non intrusifs. Il fournira un profilage individualisé et des recommandations personnalisées issues de l’analyse de big data et de l’informatique socio-émotionnelle. L’interopérabilité et la confidentialité des données seront garanties à l’aide de FIWARE et d’une plateforme d’IA de données fédérée.

Quelles expertises apporteront les chercheurs de Télécom SudParis et d’IMT Atlantique impliqués dans e-VITA ?

JB – Les chercheurs des écoles de l’IMT assureront principalement l’interopérabilité et le traitement des données fournies par les différents capteurs, ainsi que le suivi automatique des émotions sur le visage. De plus, nos deux living labsExperiment’HaaL pour IMT Atlantique et Evident pour Télécom SudParis –  seront mis à la disposition des partenaires du projet. Enfin, nous prendrons en charge la gestion du workpackage « exploitation et dissémination »

Le projet réunit un grand nombre de partenaires. Quels sont leurs rôles ?

JB – Le consortium rassemble en effet 12 partenaires en Europe et 10 au Japon. Leurs rôles respectifs sont très complémentaires. L’université allemande de Siegen pour l’Europe et celle de Tohoku pour le Japon assurent la coordination du projet, qui réunit trois grands groupes : des utilisateurs finaux chargés de la spécification des besoins et de l’évaluation sur le terrain comme l’APHP (France), AGE Platform Europe (Belgique), IRNCA (Italie), Caritas Allemagne, NCGG et IGOU (Japon) ; des académiques et organismes de recherche spécialistes des algorithmes d’IA (apprentissage automatique, fusion, reconnaissance d’expressions…) : aux côtés des écoles de l’IMT, on retrouve Fraunhofer et INFAI (Allemagne), UNIVPM (Italie), l’université Tohoku, AIST, l’université Waseda (Japon)… ; enfin, des industriels en charge de la définition technique et de l’intégration des procédés, essentiellement des PME : IXP (Allemagne), Ingegneria informatica (Italie), Delta Dore (France), Gatebox et NEU (Japon), et un seul grand groupe : Misawa (Japon)

Quels sont les résultats attendus ?

JB – La création d’un « coach personnel vocal multimodal » ayant la vocation d’assister, d’accompagner et de sécuriser la personne âgée au domicile, et l’exploitation de ce système au travers de plusieurs interfaces physiques (smartphones, robots, etc…) grâce à l’intégration d’incubateurs de start-up à nos living labs et à nos structures.

Le système de coaching sera déployé dans les milieux de vie de personnes âgées en bonne santé en France, en Allemagne, en Italie et au Japon pour évaluer sa faisabilité et son efficacité. Les résultats d’e-VITA incluent également de nouvelles normes et politiques au-delà de la technologie, et seront par conséquent exploités et transférés à travers l’Europe, le Japon et dans le monde entier.

Quelles sont les prochaines étapes importantes pour e-VITA ?

JB – Les prochaines étapes sont la phase de spécification des besoins des utilisateurs en fonction des facteurs culturels, et la définition de l’architecture du système visé, nécessitant l’organisation de plusieurs workshops.

En savoir + sur e-VITA

Propos recueillis par Véronique Charlet

1 réponse
  1. françois Gladu Putyra dit :

    Effectivement mieux vieillir c’est l’avenir!
    On imagine vu le vieillissement des populations, l’intérêt des pays européens (et que dire du Japon) pour ce type de projet.
    La contribution de l’IMT montre les compétences qu’elle a su développer au fil des ans: interopérabilité, traitement des données collectées, suivi automatique des émotions sur le visage (IA je suppose) et 2 living labs.
    L’IMT montre aussi face à la montée des puissances numériques (USA, Chine, Israel etc.) que la France a toujours son mot à dire.
    Un beau et grand projet!

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